TechniqueQuelle que soit l’énergie considérée (pétrole, gaz, électricité), les cours les plus observés (prix spot) ne sont pas un signal adapté pour décider d’investir dans la production. En effet, ces investissements ont des durées de vie et des temps de retour longs.
Pour l’électricité par exemple, les prix spot correspondent au coût marginal de production d’installations existantes. Le gros des volumes est échangé sur des marchés à terme. Le prix des marchés à terme correspond en théorie à la moyenne du prix spot anticipée par les acteurs du marché pour la période considérée.
L’offre et la demande :
La demande énergétique est assez peu élastique. Elle est plus influencée par des cycles économiques (récession/croissance) ou des externalités (rigueur de l’hiver) qui ont des impacts majeurs, que par un signal-prix. En regard, l’offre est principalement influencée par des contraintes géologiques, géopolitiques et de transport (surtout en ce qui concerne le gaz pour ce dernier point).
Pétrole :
Le pétrole est très dense énergétiquement, facile à transporter (oléoducs, rail, route, navires pétroliers) et se stocke aisément. En fonction de sa composition, il peut être plus ou moins facile à transformer en produits commercialisables (principalement des carburants). Parmi les plus difficiles, le pétrole des sables bitumineux ou le pétrole lourd du Venezuela. Il faut savoir que chaque raffinerie ne peut pas prendre n’importe quel pétrole comme intrant d’une part, et que la répartition des produits en sortie (part d’essence, part de gazole, etc.) n’est pas modulable à souhait. Enfin, la vitesse d’usure des équipements est aussi à considérer puisqu’elle dépend de l’agressivité des produits.
Depuis de nombreuses années, les investissements dans le pétrole ont du mal à compenser la déplétion naturelle des champs existants. Au niveau européen, la situation ne cesse de se dégrader (mer du nord, gaz de Groningue), et au niveau mondial, la quantité disponible pour les exportations des pays producteurs n’est pas bien orientée non plus (augmentation de la consommation propre de nombreux pays qui s’ajoute à la déplétion naturelle). Les pétroles de roche mère (dit de schiste) ont permis, grâce à une croissance assez incroyable, de compenser la réduction de la production conventionnelle (peak oil conventionnel atteint en 2008).
Gaz :
Sans aborder le sujet de sa composition, le gaz est compliqué à transporter de façon significative :
- Soit il faut construire des gazoducs, comprimer le gaz et le faire circuler dans lesdits gazoduc
- Soit il faut liquéfier le gaz, le transporter dans des navires méthaniers et le regazéifier (toutes ces étapes sont très gourmandes en énergie). Il faut donc une usine de liquéfaction au départ et une usine de gazéification à l’arrivée.
Ainsi, le marché du gaz est mondial concernant le gaz liquéfié, mais il est régional concernant les gazoducs. De fait, le gaz liquéfié étant plus cher, les pays importateurs qui peuvent se fournir grâce aux gazoducs ont moins développé de terminaux méthaniers.
Le gaz peut se stocker dans différentes structures souterraines.
Électricité :
Sur un réseau électrique, la production doit correspondre à la consommation à chaque instant. L’électricité se stockant difficilement (problèmes de rendement de stockage/déstockage, de pertes pendant le stockage (durée de stockage), de volume stocké, de débit de stockage et de déstockage, de coût, etc.), il faut adapter à la fois la production à la consommation (ce qui est fait le plus en pratique), et la consommation à la production (c’est par exemple le principe des périodes tarifaires : heures pleines/heures creuses, été/hiver, périodes de pointe, etc., ou du signal au consommateur Ecowatt). Les interconnexions de réseaux permettent de partager les moyens de production et de secours, et donc d’optimiser le système interconnecté.
Le prix spot est fixé par le coût marginal du dernier moyen de production appelé. Cette méthode est vivement critiquée en ce moment, parce qu’en pratique le résultat de cette façon de procéder est que le prix spot de l’électricité est fortement influé par le prix spot du gaz (ainsi que par la valeur de la tonne de CO2). Il faut cependant garder en tête que les volumes échangés sur le marché à court terme sont faibles par rapport au marché à long terme.
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